Les gestionnaires de fonds adoptent une vision de plus en plus baissière des perspectives à court terme du cuivre, alors que le prix teste la bande inférieure de sa fourchette de négociation depuis le début de l’année.
Le cuivre à trois mois du London Metal Exchange (LME) a franchi cette semaine le niveau de 8 000 dollars la tonne métrique pour la première fois en cinq mois, parallèlement à une structure d’étalement temporel qui s’effondre.
Coté pour la dernière fois à 7 990 dollars la tonne métrique, le cuivre de Londres est désormais en vue des plus bas de l’année de 7 867 à 7 871 dollars enregistrés fin mai.
Les investisseurs des deux côtés de l’Atlantique ont modifié leurs positions en réponse à une éventuelle rupture à la baisse d’une fourchette qui a défini l’évolution des prix cette année.
Les ours font preuve de muscles sur CME
Le positionnement du fonds sur le contrat de cuivre CME a oscillé entre long et court pendant plusieurs mois alors que le prix évoluait dans une fourchette latérale.
Mais la position collective est devenue plus baissière depuis début septembre, les gestionnaires de fonds ayant relevé leurs positions courtes à 77 276 contrats au cours de la semaine précédant le 26 septembre.
Il s’agit de la plus grande accumulation de paris baissiers depuis mars 2020, lorsque le cuivre et le reste du complexe des métaux de base étaient sous le choc du premier impact des restrictions de Covid-19.
De nouvelles ventes de fonds ont déplacé le positionnement net vers le côté court à hauteur de 21 220 contrats, la lecture la plus baissière depuis juin, lorsque la position courte nette collective s’est étendue à 23 012 contrats.
Les taureaux s’accrochent toujours là-dedans. En effet, les positions purement longues ont augmenté de 1 339 contrats sur la semaine, attestant du large éventail d’opinions sur la dynamique à court terme du cuivre.
Les taureaux jettent l’éponge à Londres
Le positionnement des fonds d’investissement s’est également déplacé vers le côté court sur le marché du cuivre de Londres pour la première fois depuis début juin.
Il s’agit ici d’investisseurs qui réduisent fortement leur exposition longue. Les positions longues sur le cuivre ont été réduites, passant de 63 665 contrats début septembre à 35 050 à la clôture du 26 septembre.
Les fonds ont également réduit leur exposition à découvert, quoique de manière moins spectaculaire. Les deux dernières semaines ont vu une reconstruction nette de la marge, mais loin d’être comparable à celle observée sur le marché américain.
Le positionnement net s’est déplacé vers une vente collective à découvert de 3 051 contrats, juste en dessous du pic de 3 228 contrats à découvert en 2023 en juin.
Il convient de noter que la catégorie de reporting « autres éléments financiers », qui comprend les fonds indiciels, se situe encore en territoire acheteur net modeste.
Règle technique OK ?
Il y a de bonnes raisons pour les investisseurs de se méfier d’une éventuelle cassure baissière par rapport à la fourchette de négociation qui définissait auparavant les prix cette année.
Les mesures de relance ponctuelles de la Chine restent décevantes, même si le secteur manufacturier européen se contracte et que les inquiétudes grandissent quant à la dynamique économique aux États-Unis. Un dollar fort et un yuan faible exercent également une pression sur le prix du cuivre.
La microdynamique du cuivre aggrave le sentiment de morosité imminente. Les spreads du LME se sont effondrés, l’escompte sur le métal à trois mois s’élargissant à 77,50 dollars la tonne à la clôture de mardi, soit l’escompte le plus important depuis le début des années 1990.
La faible liquidité a peut-être accentué ce mouvement, mais les fortes ventes au comptant de ces derniers jours sont un signal d’alarme indiquant que davantage de cuivre pourrait être sur le point d’arriver dans le système d’entrepôts du LME.
Les stocks de cuivre du LME ont augmenté de 65 025 tonnes au cours du mois de septembre, soit la plus forte augmentation mensuelle depuis avril 2022, et les spreads indiquent qu’il pourrait y avoir beaucoup plus de métal dans l’ombre des entrepôts.
Mais la détérioration des graphiques du cuivre donne une idée des perspectives immédiates du marché, en particulier compte tenu du nombre de fonds de type boîte noire configurés pour réagir à la dynamique et aux déclencheurs techniques.
L’accent est désormais mis sur ces plus bas de mai et sur la question de savoir s’ils fourniront un soutien suffisant pour contenir la pression baissière croissante.
(Les opinions exprimées ici sont celles de l’auteur, Andy Home, chroniqueur pour Reuters.)
(Edité par Alexandra Hudson)