Le président Emmanuel Macron impose l'état d'urgence dans l'archipel français de Nouvelle-Calédonie après que des manifestations indépendantistes ont fait au moins trois morts et perturbé la production de nickel.
L'état d'urgence entre en vigueur à 20 heures (heure de Paris) et durera 12 jours, a déclaré mercredi à la presse la porte-parole du gouvernement français, Prisca Thévenot, à l'issue d'un conseil des ministres sur le sujet convoqué par Macron. Cette mesure permet au gouvernement d'interdire les manifestations publiques ou d'exiger que les gens restent chez eux, entre autres actions.
Des centaines d'agents de sécurité supplémentaires seront envoyés par avion en Nouvelle-Calédonie à partir d'aujourd'hui, a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué envoyé par courrier électronique.
Les protestations les plus récentes sont centrées sur un projet de modification constitutionnelle actuellement examiné par les législateurs français qui modifierait les conditions de vote sur le territoire. À l'heure actuelle, seules les personnes résidant en Nouvelle-Calédonie depuis un certain temps peuvent voter aux élections, ce qui exclut de fait les résidents arrivés après 1998, même s'ils y sont nés.
Le projet de loi, soutenu par Macron et adopté cette semaine par l'Assemblée nationale française, modifierait ces règles. Les mouvements indépendantistes disent craindre que ce changement n’entraîne une perte de poids électoral pour leur communauté.
Les autorités françaises ont mobilisé la police et fermé les aéroports de Nouvelle-Calédonie à la suite des manifestations. L'administration locale a imposé des couvre-feux et interdit les rassemblements, a-t-elle indiqué dans un communiqué, après que 130 personnes ont été arrêtées et 60 blessées lors des troubles.
Les violences ont perturbé la production de nickel, frappant les mineurs, dont la société française Eramet SA, même si les protestations n'étaient pas dirigées contre les sociétés minières. La Nouvelle-Calédonie était le troisième producteur mondial de métal pour batteries de véhicules électriques l'année dernière, représentant environ 6 % de la production mondiale, selon l'US Geological Survey.
Ces tensions assombrissent encore davantage l'avenir de l'industrie du nickel de Nouvelle-Calédonie, une bouée de sauvetage économique essentielle pour le territoire. Les mineurs se sont plaints du fait que les prix de production étaient trop élevés sur l'île et ont menacé de cesser de financer leurs opérations.
Le gouvernement français, soucieux de l'impact économique que la fermeture des usines de nickel aurait sur l'économie locale, a proposé de nouvelles subventions et allègements fiscaux plus tôt cette année.
La France a officiellement reconnu l'identité kanak locale en 1998 et a accordé une autonomie accrue au territoire. Depuis, trois référendums sur l'indépendance ont eu lieu, tous favorables au maintien de la France, mais les dirigeants kanak ont boycotté le dernier en date, organisé en 2021, invoquant les difficultés liées au Covid.