Le Premier ministre portugais Antonio Costa a démissionné à la suite d’une enquête sur d’éventuels délits de corruption au sein du gouvernement impliquant des projets de lithium et d’hydrogène.
« Aujourd’hui, j’ai été surpris par l’information, officiellement confirmée par le ministère public, selon laquelle une procédure pénale a déjà été ou sera engagée contre moi », a déclaré Costa. « Évidemment, je suis entièrement disponible pour collaborer avec la justice dans tout ce qui est nécessaire pour découvrir toute la vérité. Cependant, je crois comprendre que la dignité de la fonction de Premier ministre n’est pas compatible avec la suspicion d’un quelconque acte criminel, c’est pourquoi j’ai évidemment présenté ma démission.»
Costa a déclaré dans son discours à Lisbonne qu’il avait « la conscience tranquille » et qu’il ne se présenterait pas aux élections anticipées que le président portugais convoquera probablement. Les actions portugaises ont chuté, l’indice de référence PSI chutant de 2,5%.
Le bureau du procureur général portugais a déclaré mardi dans un communiqué envoyé par courrier électronique que Vitor Escaria, chef de cabinet du Premier ministre, faisait partie des cinq personnes arrêtées dans le cadre d’une enquête en cours concernant des concessions d’exploration de lithium et un projet de production d’hydrogène.
Costa, Premier ministre depuis 2015, dirigeait un gouvernement socialiste soutenu par la majorité absolue au Parlement. Bien qu’il ait bénéficié de tout le soutien des législateurs, au cours de l’année écoulée, il a été secoué par d’autres défis, notamment la hausse du coût de la vie, les protestations des enseignants et les controverses liées à la compagnie aérienne publique TAP SA, que le gouvernement envisage de privatiser.
Le président Marcelo Rebelo de Sousa a convoqué jeudi une réunion du Conseil d’État, un organe consultatif qui doit être consulté avant la dissolution du Parlement, et il s’adressera au pays immédiatement après. Au Portugal, le Premier ministre et son gouvernement fixent la politique. Le président est avant tout une figure de proue, bien qu’il ait le pouvoir de nommer le Premier ministre et de convoquer des élections.
Un sondage publié par Diario de Noticias le 29 octobre indique un soutien de 28,6% aux socialistes, soit 3,7 points de pourcentage devant le PSD, le parti de centre-droit qui constitue le plus grand groupe d’opposition au Parlement. Le Portugal a organisé pour la dernière fois des élections anticipées en janvier 2022.
Charge de la dette
L’économie portugaise devrait ralentir cette année, après avoir rebondi suite à la pandémie. Le Portugal avait le troisième taux d’endettement le plus élevé de la zone euro en 2022 et la Commission européenne a prévu en mai qu’il se classerait au cinquième rang en 2023, son ratio d’endettement tombant en dessous des niveaux de l’Espagne et de la France.
Compte tenu de l’endettement du pays, les gouvernements doivent contrôler les coûts d’emprunt. Le rendement des obligations portugaises à 10 ans a peu varié à 3,4% mardi, en hausse par rapport aux 3,3% d’il y a un an et inférieur au taux de l’Italie ou de l’Espagne. Il a culminé à 18 % en 2012, au plus fort de la crise de la dette de la zone euro.
Dans le cadre de l’enquête, des perquisitions ont été effectuées mardi dans des locaux utilisés notamment par le chef de cabinet du premier ministre ainsi qu’au ministère de l’Environnement et du ministère de l’Infrastructure. Les procureurs ont également désigné le ministre de l’Infrastructure, Joao Galamba, comme « arguido », un statut similaire à celui de personne d’intérêt.
Les références faites par les suspects à l’intervention du Premier ministre Costa pour « débloquer » certaines procédures seront analysées séparément lors d’une enquête auprès de la Cour suprême de justice, a indiqué le procureur.