L'Autorité internationale des fonds marins (ISA) a lancé lundi une nouvelle réunion de deux semaines qui devrait être cruciale alors que l'organisme des Nations Unies travaille sur la réglementation initiale mondiale de cette activité, avec pour objectif de finaliser ses efforts de dix ans pour promulguer un code d'ici 2025.
Réunis à Kingston, en Jamaïque, jusqu'au 26 juillet, les 36 membres du conseil de l'ISA négocieront la dernière version des règles prévues pour l'exploitation minière des fonds marins. Ils se réuniront également le 29 juillet pour élire un nouveau secrétaire général, la scientifique marine brésilienne Leticia Carvalho se présentant contre le titulaire actuel, Michael Lodge, un avocat britannique.
Malgré l'absence de règles formelles, l'exploitation minière en eaux profondes pourrait techniquement démarrer cette année, puisque la société canadienne The Metals Company (NASDAQ : TMC), l'une des sociétés ayant les plans les plus avancés pour extraire les métaux clés des nodules recouvrant le fond marin, devrait soumettre une demande de permis d'exploitation minière avant la fin de 2024.
L'un des contrats ISA du TMC est sponsorisé par la petite nation insulaire du Pacifique de Nauru, qui a déclenché en 2021 une disposition obligeant l'ISA à promulguer des réglementations minières d'ici 2023. L'ISA n'a pas respecté ce délai et doit donc commencer à accepter les demandes de licence.
Bataille pour le leadership
La réponse de l'ISA aux demandes de permis est une question clé pour les semaines à venir. Selon les règles actuelles, une demande d'exploitation minière doit être approuvée par la Commission juridique et technique (LTC) du groupe, qui émet ensuite des recommandations à l'intention du conseil d'administration de l'organisme. Pour qu'une licence soit accordée, elle doit obtenir le soutien d'un tiers des 36 membres du conseil.
La délivrance des permis d'exploitation minière dépendra également de la personne élue au poste de secrétaire général, notamment si des réglementations sont adoptées. La personne qui occupera ce poste aura le pouvoir de superviser les fonctions administratives de l'ISA et sera chargée de négocier les contrats avec les sociétés minières.
L'engagement du nouveau dirigeant en faveur de la durabilité environnementale aura un impact sur la rigueur avec laquelle les évaluations et les mesures de protection environnementales seront appliquées, ce qui pourrait influencer l'approbation ou le refus des licences d'exploitation minière des fonds marins en fonction des considérations d'impact sur l'habitat.
Les analystes prédisent que l’élection de Carvalho, à la tête de la division marine et eau douce du Programme des Nations Unies pour l’environnement à Nairobi, pourrait marquer un changement significatif par rapport à la direction actuelle de Michael Lodge. Lodge, dont le second mandat de quatre ans se termine en décembre, a été critiqué pour sa position dédaigneuse à l’égard de l’opposition environnementale à l’exploitation minière en eaux profondes et pour ses liens étroits avec les entreprises minières réglementées par l’ISA.
Des milliers de milliards de dollars
Les partisans de l'exploitation minière des fonds marins estiment que cette activité pourrait fournir jusqu'à 45 % de tous les besoins mondiaux en métaux critiques d'ici 2065. Ils croient également que le Traité sur la haute mer de l'ONU, conclu en mars dernier par les pays membres, ne mettra pas en péril les efforts d'exploration.
L'accord vise à placer sous protection jusqu'à 30 % des océans du monde situés au-delà des frontières nationales d'ici 2030.
Une étude commandée par The Metals Co indique que l’extraction de métaux tels que le cobalt et le nickel à partir des fonds marins réduit considérablement l’impact environnemental de la production traditionnelle de métaux pour batteries.
Les minéraux et métaux tels que le cobalt, le nickel, le cuivre et le manganèse se trouvent dans des nodules de la taille d'une pomme de terre sur le fond des océans. Les réserves sont estimées entre 8 000 et plus de 16 000 milliards de dollars et se trouvent dans des zones ciblées par des sociétés minières potentielles des fonds marins, telles que TMC.
Alors que certains pays s’opposent farouchement à cette activité jusqu’à ce que les scientifiques puissent clairement évaluer les dommages potentiels causés aux écosystèmes aquatiques, d’autres sont prêts à lancer l’exploitation minière des fonds marins.
En janvier, le Parlement norvégien a donné son feu vert à l'exploration minière dans les eaux territoriales du pays. Seulement cinq mois plus tard, le pays a ouvert de vastes zones de sa région arctique à un premier cycle de licences d'exploitation minière sous-marine.
Neuf pays, dont la France et le Chili, devraient exhorter cette semaine l'Assemblée à discuter de politiques spécifiques visant à préserver l'environnement marin en prévision d'éventuelles activités minières.
L’année dernière, une proposition similaire avait été bloquée par la Chine. Cette année, la Chine a franchi une étape clé dans la course mondiale à l’exploration des fonds marins à la recherche de minéraux, après qu’un de ses véhicules d’exploitation minière en eaux profondes aurait battu plusieurs records nationaux lors d’une récente opération d’essai.