Le London Metal Exchange entrera en 2023 avec les plus petits stocks d’entrepôt disponibles depuis au moins 25 ans, ouvrant la voie à de futures compressions et pics si la demande s’avère plus forte que prévu.
Les stocks disponibles des six principaux métaux négociés sur le LME ont chuté des deux tiers en 2022, la baisse de 72 % de l’aluminium représentant l’essentiel de la baisse, tandis que le zinc a diminué de 90 %. Collectivement, les stocks qui n’étaient pas encore marqués pour le retrait ont atteint jeudi le niveau le plus bas des données remontant à 1997 et n’ont terminé l’année que légèrement plus haut.
Alors que la majeure partie du métal dans le monde ne voit jamais l’intérieur d’un entrepôt LME, les niveaux des stocks d’échange sont importants car chaque vendeur à découvert qui détient un contrat jusqu’à l’expiration doit livrer du métal physique enregistré dans un entrepôt LME. La LME a introduit de nouvelles règles pour permettre le report afin d’éviter de futures compressions, mais les exemptions s’accompagnent de frais coûteux.
Les stocks serrés reflètent également une tension qui a saisi les marchés des métaux pendant une grande partie de cette année, entre les approvisionnements limités d’une part, et les inquiétudes concernant l’affaiblissement de la demande en raison des menaces de récession dans les principales économies mondiales d’autre part.
Pour les commerçants du LME, la diminution des stocks représente un autre parmi une litanie de maux de tête après l’une des années les plus dramatiques des 145 ans d’histoire de la bourse. Le LME fait face à des enquêtes réglementaires et à des poursuites judiciaires pour ses actions lors d’une courte compression fulgurante du marché du nickel en mars qui a poussé plusieurs concessionnaires LME au bord de la défaillance, et devrait bientôt publier les résultats d’un examen indépendant de la crise.
À l’approche de 2023, un débat clé sur les marchés des métaux est de savoir si un ralentissement mondial de l’activité industrielle et un rebond de l’offre aideront à reconstituer les réserves élimées de l’industrie, tandis que la récente réouverture de la Chine après les blocages de Covid ajoute une incertitude supplémentaire.
Le débat sur les perspectives d’offre et de demande de métaux est particulièrement controversé dans le cas du cuivre, où certains analystes prédisent des déficits persistants tandis que d’autres voient le marché basculer dans une période rare et historique d’offre excédentaire.
Cela alimente une forte divergence sur les perspectives de prix, les analystes de Goldman Sachs Group Inc. prédisant que le cuivre atteindra un niveau record de 11 000 dollars la tonne d’ici 12 mois, tandis que BNP Paribas affirme que les prix chuteront à 6 465 dollars la tonne d’ici le milieu de l’année prochaine alors que le marché bascule vers un énorme excédent. Les prix ont peu changé à 8 402,50 $ à 13 h 58, heure locale, sur le LME vendredi.
En cette fin d’année, seul le nickel s’échange en territoire positif. Le marché reste paralysé par une faible liquidité depuis la crise, avec de fortes oscillations régulières.
Le cuivre, le zinc et l’aluminium ont tous baissé de plus de 10 % cette année, tandis que l’étain, le moins performant, a plongé de plus d’un tiers et devrait connaître la plus forte baisse annuelle depuis au moins 1990.
Une compression historique du marché de l’étain observée au début de la pandémie s’est effondrée cette année, le refroidissement de la demande du secteur de l’électronique coïncidant avec une reprise de l’offre. Pourtant, les inquiétudes concernant les faibles niveaux de stocks persistent et les prix ont fait un retour au cours des deux derniers mois alors que les acheteurs se tournent vers la sécurisation des stocks en prévision d’un rebond de la demande.