Orano choisit un site du Tennessee pour construire une usine d'enrichissement d'uranium

Orano, la compagnie nationale française de combustible nucléaire, a choisi Oak Ridge, dans le Tennessee, comme site privilégié pour construire une usine d'enrichissement d'uranium aux États-Unis, d'une valeur de plusieurs milliards de dollars, ont annoncé mercredi des responsables du Tennessee et d'Orano.

Cette décision intervient quelques mois après que l'administration du président Joe Biden a signé une loi visant à mettre un terme à la dépendance à l'égard de la Russie, premier fournisseur mondial d'uranium enrichi. La loi a imposé une interdiction des importations d'uranium enrichi russe et a libéré jusqu'à 2,7 milliards de dollars de financements américains pour des projets d'uranium nationaux.

Jean-Luc Palayer, PDG d'Orano USA, a déclaré que la société préparait les prochaines étapes nécessaires pour l'usine, notamment l'obtention du soutien fédéral américain, des engagements des clients et l'obtention d'une licence de la Nuclear Regulatory Commission et de l'approbation du conseil d'administration d'Orano.

« Aujourd'hui, nous célébrons cette étape majeure vers la mise en service d'une nouvelle usine d'enrichissement qui permettra de répondre aux besoins de notre pays en matière d'approvisionnement en combustible nucléaire national, plus important et plus sûr », a déclaré Palayer. Orano USA est basée à Bethesda, dans le Maryland.

La centrale créerait plus de 300 emplois dans le Tennessee, ont indiqué les responsables. Le projet est également soutenu par le Fonds pour l'énergie nucléaire du Tennessee, qui dispose d'environ 60 millions de dollars.

Les responsables n’ont pas précisé combien coûterait la construction de l’usine.

Réduire le risque d'un arrêt potentiel des livraisons russes

L'entreprise avait élaboré des plans avancés pour construire une usine d'enrichissement d'environ 2 milliards de dollars dans l'Idaho à la fin des années 2000, mais a été contrainte de l'abandonner après que la catastrophe nucléaire de Fukushima au Japon a conduit certains pays à fermer des réacteurs ou à suspendre des projets.

Orano a annoncé l'an dernier qu'il allait investir dans l'augmentation des capacités de production de son usine d'enrichissement d'uranium dans le sud de la France, en grande partie pour répondre à la demande de ses clients américains. Cette expansion permettrait de réduire le risque d'un arrêt des livraisons du russe Rosatom, qui fournit environ 30% de l'uranium enrichi de l'Occident, selon Orano.

Le marché de l'uranium sous pression, mais les perspectives à long terme restent positives

Orano exploite de l'uranium brut au Canada, au Kazakhstan et au Niger. Son site d'enrichissement en France représente 12 % de la capacité mondiale.

Rosatom détient 43% tandis que le groupe européen Urenco en détient 31%.

D’autres entreprises pourraient contribuer à renforcer l’approvisionnement en uranium des États-Unis, notamment Centrus Energy, qui a inauguré une usine dans l’Ohio à la fin de l’année dernière pour produire du combustible à uranium faiblement enrichi et à haute teneur (HALEU) nécessaire à certains réacteurs de nouvelle génération, Urenco et Global Laser Enrichment LLC.

En juillet, les États-Unis ont accordé des dérogations à leur interdiction d’importation d’uranium russe « pour garantir que l’exploitation des réacteurs américains ne soit pas perturbée par cette interdiction », avait alors indiqué le ministère de l’Énergie. Mais ces dérogations expirent en 2028, date à laquelle les États-Unis devraient pouvoir s’approvisionner en uranium enrichi auprès d’autres sources que la Russie.

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Nicolas